Du 10 au 14 mars 2014, la MJC du Chemin Vert a accueilli le festival annuel Improvise organisé par l’association Macédoine. L’occasion est de découvrir l’univers de l’improvisation dans des ateliers libres d’accès au sein de la MJC du Chemin Vert parmi lesquels : le théâtre et le clown par Macédoine, l’Art plastique par Art Itinérant, la vidéo par Côme Destribois, l’atelier d’écriture par Tikéro et Khalifa, le cirque par Bric Art Brac, la danse par les Smoky Eyes. Témoignages de Benjamin et Félix, bénévoles au sein de Macédoine.
Une improvisation ne se fait pas sans préparation en amont. En effet, il existe beaucoup de code pour la mettre en place et qu’elle puisse réussir. Notamment être toujours à l’écoute de l’autre ou ne jamais refuser une proposition qui est faite, un peu l’inverse de la politique. Pour Félix improviser, c’est partir de rien pour arriver à un « tout » et pour aller à ce « tout » ensemble. Ce lien procure aux comédiens un décuplement des sensations sans pour autant éprouver de la peur. Félix raconte : « on sait dans quel état on rentre sur scène mais on n’a aucune idée dans lequel on va ressortir, c’est une adrénaline en plus ». Lors du festival, Macédoine propose à des branches artistiques différentes de participer aux spectacles. Ainsi, des jongleurs et des danseurs ont pu se mêler aux acteurs sur scène pour improviser. Benjamin explique : « Chacun doit s’adapter à l’autre et fonctionne comme un ensemble avec de l’écoute et de la volonté ». L’improvisation n’est pas seulement orale mais aussi corporelle. Pour autant, comment se déroule une improvisation ?
Née à la fin des années 70 au Canada, il s’agit d’une parodie populaire du sport national (le hockey sur glace) pour expérimenter une nouvelle forme de théâtre et briser les barrières avec le public. Depuis trente ans, les matchs d’improvisation se sont développés dans la francophonie et des ligues d’improvisation se sont créées dans les grandes villes. Il existe deux formules de joute : le match et le catch. Le concept de match est simple : cela se déroule sur une « patinoire » en bois. Deux équipes de six jouteurs portant une tenue réglementaire de hockey et d’un arbitre. Le match est animé par un Maître de Cérémonie (MC). L’arbitre donne le sujet, les équipes ont 20 secondes pour se concerter et commercer l’improvisation. Le temps d’un match est limité, de quelques secondes à 20 minutes. Le catch est plus libre que le match. Deux équipes de deux s’affrontent sur un décorum en forme de ring et un Maître de Cérémonie est là pour gérer l’impro. Les règles sont réduites au minimum. Il est impossible de mettre en place un catch si l’improvisation se joue les uns contre les autres. La troupe de Macédoine joue au bar El Camino rue de Vaucelles à Caen. Le cadre est convivial et cela fait 2 ou 3 catchs que nous sommes complets note Félix. On a récemment installé un système de réservation en ligne qui marche bien grâce au bouche à oreille, ajoute Benjamin.
Cette discipline laisse une grande place à la pédagogie dans sa pratique, qui peut se traduire par une écoute dans la vie de tous les jours pour avancer ensemble. Par exemple à l’EMN1, où Macédoine intervient dans le cadre d’ateliers avec les étudiants : dans une réunion commerciale il se passe la même chose que dans les matchs d’impro et les fautes sont les mêmes. Dans ces réunions, les personnes peuvent manquer d’écoute et les gens veulent imposer leur idée sans prendre compte de l’avis des autres. Il y a toujours un élément qui ne fera pas avancer la réunion par des petites réflexions. Pour résumer, tout cela est dans le même livre mais le chapitre est différent, explique Félix.
L’improvisation est aussi ouverte aux plus petits et les comédiens notent que leur approche du jeu est bien différente des adultes. En effet, avec les enfants il faut aller droit au but avec des choses simples comme une princesse, un château ou un dragon. L’avantage avec un enfant, c’est qu’il montre ses émotions sans se poser de questions. On voit tout de suite si ça prend ou pas. Chez un adulte, il va y avoir une sorte de peur du ridicule, du regard des autres. Lors du stage avec le comédien Marc Frémond, il nous disait souvent de se « couper la tête » pour arrêter de réfléchir pendant une improvisation, argumente Benjamin.
Avec le développement d’internet et l’explosion de l’utilisation des réseaux sociaux, des personnes n’hésitent plus à poster des vidéos ou à créer leur propre spectacle, avec plus ou moins de succès. Benjamin appuie : Les gens croient que jouer est une chose facile et qu’il n’y a aucun travail en amont, mais sur scène le retour de bâton peut être douloureux. Il ne faut pas faire confiance à deux ou trois personnes qui peuvent vous juger sans vous connaître. Ça peut aussi briser des passions ; il faut savoir se remettre en question. L’improvisation demande beaucoup d’entraînement comme des musiciens ou des sportifs, mais surtout, il faut accepter de ne pas connaître un sujet. On peut connaître des thèmes par cœur mais le plus difficile est de communiquer l’image qu’on a dans sa tête au public. Ce lien avec le public semble être la clé d’une bonne improvisation. Tout se voit sur scène. Si on sort insatisfait d’une improvisation, les spectateurs vont le voir tout de suite sur notre visage et vont penser qu’on a raté quelque chose, note Félix.
Vous pouvez assister aux catchs d’improvisation au bar El Camino rue de Vaucelles à Caen tous les premiers mercredis du mois. Contactez l’association au 02 31 73 02 72 ou au 06 86 54 25 90. Site internet http://www.asso-macedoine.fr/ et mail asso.macedoine@free.fr
1École de Management de Normandie
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